Bonjour, je suis Frank Schneider arbitre fédéral de football et voici mes "chroniques béninoises". Je suis avec Tony Chapron, arbitre de Ligue 1 et Johann Perruaux, arbitre assistant en Ligue 2. Notre projet est d'assurer une semaine de formation à des arbitres de la ligue de Porto-Novo, capitale administrative de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest qu'est le Bénin.

Lundi 21 Janvier

Départ pour le Bénin. Nous nous retrouvons dans ce projet après une rencontre avec Unis Vers le Sport. Nous avons chargé nos bagages avec des tenues d'arbitres et des livres offerts par de nombreux arbitres alsaciens que je tiens d'ailleurs à remercier, mais aussi des cadeaux de la FFF. Nous atterrissons à 19h20. L'aéroport est vétuste, petit et grouille de monde. Il fait chaud et humide. Nous sommes accueillis par Pierre Coffi Tonon, correspondant local de l'association strasbourgeoise.

Mardi 22 janvier

Nous avons notre première réunion de travail avec la commission d'arbitrage, avec le président Abdou Fatai Aderoudjou et le secrétaire général Dominique Kougbemede. L'accueil initial est frais car les responsables ont changé. Mais l'atmosphère va rapidement se détendre. Le soir, nous animons la première réunion de formation dans un collège. Les membres de la CRA étaient présents, ainsi que 31 arbitres représentant tous les niveaux. Une vidéo, un powerpoint et un questionnaire sur la loi 12 étaient au programme de la soirée. Une distribution de tee-shirts de la fédération, de stylos et de guides de l'arbitrage a eu lieu à cette occasion à la plus grande joie des participants.

Mercredi 23 janvier

Une personne doit venir nous chercher à 7h30. Elle arrive à 9h. c'est l'Afrique... Nous nous rendons ce matin à un cours de football de l'INJEPS, l'institut national de la Jeunesse et des études physiques et sportives. Notre correspondant, Pierre, nous emmène ensuite à son cours de basket. Il est prof de basket à l'INJEPS. Sa fille dispense le cours en son absence. Dans la foulée, nous visitons le musée ethnologique de Porto Novo. La visite se décompose en trois thèmes : la naissance, la vie et la mort. Nous découvrons les différentes ethnies et plusieurs rites. Le musée se situe dans une ancienne maison coloniale. A 18h, nous avons une réunion avec la CRA et le préparateur physique pour échanger nos idées sur la question. La saison de foot au Bénin se déroule de février à août et la trêve dure le reste de l'année. A 19h, heure, de façon précise cette fois, nous débutons la séance. La salle est pleine et les arbitres continuent d'affluer. Deux membres de la CCA nous font l'honneur d'être présents. Nous développons ce soir-là les placements et déplacements à l'aide d'un powerpoint. Nous montrons ensuite la vidéo « paroles d'arbitres » et nous débattons suite à cette vidéo. Cette réunion fut à nouveau concluante. Pierre, notre correspondant, est félicité pour son action par toutes les personnes présentes. Ils évoquent les échanges de questionnaires, les soutiens divers et variés, les prochaines missions à venir : l'année prochaine peut être... En nous quittant, Pierre nous a dit : « ce soir, en me couchant, je suis comblé et heureux ».

Jeudi 24 janvier

Aujourd'hui, nous sommes pris en charge par Raimi Aliou, l'ancien président de la Ligue de football de Porto Novo. Nous allons à Cotonou retirer de l'argent, ce que nous n'avons pas réussi à faire à Porto novo car il n'y a aucun distributeur. Nous visitons les bureaux de Raimi à Cotonou puis nous nous rendons à la frontière avec le Nigéria. Nous allons jusqu'à la zone franche où Raimi a un autre bureau. Il nous explique comment se passent les fraudes et les difficultés de faire du business avec les Nigérians. Nous rentrons à Porto Novo pour déjeuner et il nous invite dans un restaurant perdu pour manger de l'agouti avec de l'escargot de la taille d'une main. C'est horrible !!! Jamais nous ne nous serions allés dans un tel endroit seuls. Pendant le déjeuner, Raimi nous sollicite pour l'aider à travailler avec la France, quelle que soit la manière ... Par curiosité on goûte, mais à part le rat, le reste n'est vraiment pas à notre goût. Nous rencontrons ensuite le trésorier de la fédération béninoise de foot, ministre et chef de file de son parti politique à l'assemblée nationale. Il désire nous rencontrer avant notre départ. Nous avons rendez-vous avec le directeur départemental de la jeunesse et des sports. Nous visitons tous ensemble une école privée appartenant à Raimi. Nous allons ensuite dans son village natal pour visiter sa maison et son collège. Une autoroute est en construction. Elle traverse le milieu du village. Après de nombreuses escales, nous arrivons au centre pour un repas plus commode : encore de la volaille et toujours aussi peu charnue.

Vendredi 25 janvier

Après le petit déjeuner, nous avons une réunion avec la CRA pour comparer les fonctionnements et améliorations de leur système (désignation, descente - montée...). Nous embarquons à bord d'une pirogue pour nous rendre à Agege. Il s'agit d'un village sur pilotis. Il faut 45 minutes de pirogue pour y arriver. Nous sommes en saison sèche et le niveau de l'eau est assez bas pour pouvoir jouer au foot sur le terrain de Agege qui évolue en 2e division. Seulement 4 arbitres acceptent d'y officier. Les autres ont peur de l'eau, mais aussi, semble-t-il, du climat parfois difficile qui règne sur les matchs. Nous enchaînons avec la visite du grand marché de Porto-Novo. Nous y trouvons principalement des produits alimentaires. Nous avons l'occasion d'assister à un enterrement. C'est une vraie fête, très loin de nos cérémonies européennes. Le soir, nous regardons le match Bénin - Côte d'Ivoire qui se joue lors de la CAN au Ghana. Lourde défaite des « écureuils », les footballeurs béninois.

Samedi 26 janvier

Réveil à 6h pour un début d'entraînement à 6h45. Nous faisons une séance de préparation physique puis nous arbitrons un match en binôme (Tony ou moi avec un arbitre central – Johann avec un assistant). Nous changeons les arbitres toutes les 5 minutes. Nous avons fait un débriefing sous un hall puis une salle de classe. Nous remettons ensuite les maillots aux arbitres, évidemment, il y a plus d'arbitres que de maillots. Il nous aura fallu plus d'une heure pour distribuer les maillots... L'après midi, nous allons au centre de promotions de l'artisanat à Cotonou en Peugeot 505 pour faire du shopping. A notre retour, des arbitres nous attendent à l'hôtel. C'était d'ailleurs le cas presque tous les jours. Cela nous a donné la possibilité de parler avec eux en dehors des cours. Il y a 300 arbitres béninois au total, dont 13 internationaux. La plupart sont étudiants ou fonctionnaires.

Dimanche 27 janvier

Retour vers la France. C'est le moment du bilan. Je retiens de cette semaine qu'elle aura été avant tout une belle leçon d'humilité. Je sais que je reviendrai, ici ou ailleurs, car nous avons eu le sentiment d'avoir été utiles. L'expérience a eu un coût pour nous qui l'avons pris en charge entièrement, mais elle restera gravée dans nos mémoires. Ce fut une expérience humaine très riche. Il faudra simplement peut-être mieux préparer les choses. Ce sera de toute façon plus facile, maintenant que nous avons des contacts sur place.